Monday 1 September 2008

Jean Paul Gaultier and Angelin Preljocaj working together



Two of my idols have decided to collaborate together. Angelin Preljocaj, that I know and truly admire from "Personne n'epouse les meduses", beautiful and genius choreographer, has called Jean Paul Gaultier for an exclusive collaboration for his new ballet : "Snow White" which will premiere at the Dance Biennale, in Lyon, France from 25 September to 4 October.






Here is an interview (in French though) of Jean-Paul Gaultier on his inspiration and work with Angelin in the French daily newspaper Le Monde from the 20 August 2008.


"Travailler avec Preljocaj, c'est une histoire d'amour intéressée"

LE MONDE 20.08.08 16h12 • Mis à jour le 20.08.08 16h12



Le couturier Jean Paul Gaultier crée les costumes du spectacle Blanche-Neige, chorégraphié par Angelin Preljocaj, inscrit au programme de la Biennale de la danse de Lyon, du 25 septembre au 4 octobre. A la demande du directeur du Ballet Preljocaj-Centre chorégraphique d'Aix-en-Provence, Gaultier, le plus strictement extravagant de sa génération, partenaire de création de la chorégraphe Régine Chopinot de 1983 à 1993, a relevé le défi de ce conte ultra-féminin entre cruauté initiatique et relooking Disney.


Lors du premier essayage des costumes au Pavillon noir, lieu de travail de Preljocaj, Gaultier remet son ouvrage sur le métier à chaque costume. Ses décisions sont rapides et simplement autoritaires, saisies dans le souffle de l'inspiration. Entretien virevoltant dans sa maison de couture parisienne avec un réactif passionné qui associe les images et les idées plus vite que son coup de crayon.




Pourquoi l'étape du premier essayage est-elle si tendue ?

C'est un moment difficile, celui où je vois pour la première fois sur un corps humain les costumes que j'ai imaginés et dessinés. Tout d'un coup, on découvre parfois que non seulement, ce n'est pas la bonne matière, mais pas la bonne couleur. Je suis dans un état de choc nerveux. Il faut trouver une direction, analyser, rebondir.

On effectue toujours un parcours par rapport à un costume qu'on a dessiné. Heureusement, sa concrétisation passe par d'autres mains et me permet d'avoir une réaction très libre. Le réaliser moi-même m'empêcherait de prendre du recul. Lors d'un essayage, il y a des agencements qui reviennent, des expériences déjà vécues, qui heureusement font partie des commodités du travail. Mais on veut aussi changer, trouver du nouveau. S'adapter à un spectacle, à un chorégraphe, ça aide aussi à aller autre part.



Pour quelles raisons collaborez-vous avec Angelin Preljocaj ?

Je ne travaille qu'avec des gens que j'admire. C'est un luxe. Qu'il s'agisse de Régine Chopinot, qui m'impressionne toujours autant, ou de Madonna, je suis amoureux du travail et j'apprécie la personne. Mais une nouvelle aventure doit me faire aller ailleurs. C'est une histoire d'amour intéressée en quelque sorte. Je connais Angelin depuis quelque temps. J'ai vu certains de ses spectacles comme Eldorado, visuellement magnifique. Les apparitions des danseurs qui sortent de cadres comme par un procédé de morphing sont proches de ce que j'aime.



Que représente "Blanche-Neige" pour vous ?

Je travaillais depuis quelques mois pour mes collections sur des histoires de princes et de princesses, sur les contes : celui de La Petite Sirène, de Peau d'âne. Lorsque Angelin a évoqué Blanche-Neige, c'était l'évidence pour moi, ce que je cherchais sans y avoir pensé : l'archétype du conte de fées.



Quel personnage préférez-vous dans "Blanche-Neige" ?

Blanche-Neige évidemment. Mais aussi la méchante reine, qui est assez fascinante dans le registre Cruella. Il me semble plus intéressant de montrer non seulement la femme romantique et douce mais aussi la femme forte, décidée. Les femmes sont plus fortes que les hommes dans les moments difficiles. Nous sommes souvent lâches. Pendant que les petits garçons vont jouer au football, les filles commencent déjà à parler des problèmes qui les intéressent. Mais les hommes se construisent souvent grâce et par les femmes.



Vous aussi ?

Ma grand-mère a été très importante. Adolescent, j'ai connu des filles avec lesquelles je pouvais parler. Madonna aujourd'hui symbolise pour moi la post-libération de la femme. C'est pour elle que j'ai imaginé un soutien-gorge aux seins pointus, très agressifs. Les seins qui tuent en quelque sorte.



Quelle a été votre méthode de travail avec Angelin Preljocaj ?
Il avait des idées précises sur le décor. Lorsque nous avons évoqué la scène de bal, j'ai vu des costumes qui n'en seraient pas vraiment, à la fois historiques, avec des rappels du passé, les codes vestimentaires du conte, mais modernisés et surtout adaptés aux mouvements de danseurs. Il faut aller vers ce que désire l'autre. C'est un très bon exercice.



Cette complicité a-t-elle influencé votre recherche ?
Peut-être, à force d'avoir le nom de Preljocaj dans la tête... Dans Preljocaj, il y a le mot "cage". Pour ma collection d'hiver 2008, il y a beaucoup de cages, de crinolines, des structures qui se posent sur des robes comme une décoration extérieure, une protection qui change le volume du corps. Comme j'ai pu concevoir des corsets en ne gardant que les baleines, j'ai imaginé des crinolines avec justes des arcs.



Vous vous effacez derrière le ballet. Est-ce facile ?
Ce serait ridicule de me mettre en avant. Une histoire, un ballet, un film, sont avant tout des ensembles et le costume doit s'intégrer dedans. Lorsque je travaille avec quelqu'un, je le respecte, je le flatte, je suis même servile. Peut-être trop parfois tellement j'ai envie d'aller dans son sens, de servir l'histoire. Ça peut d'ailleurs me faire oublier des idées précises que j'avais sur le sujet. Mais sans être prétentieux, j'ai le sentiment que mon style est suffisamment fort pour résister.



Quel rapport entretenez-vous avec le spectacle de danse et plus généralement le spectacle vivant ?

Enfant, j'ai adoré le feuilleton télé L'Age heureux, d'Odette Joyeux, qui se déroulait à l'Opéra de Paris. J'avais une dizaine d'années et nous rejouions des scènes avec ma cousine.

C'est à travers le film Falbalas, de Jacques Becker, qui mettait en scène des défilés de mode, qu'est né mon désir de mode. On y voyait les vêtements en mouvement. Je ne les imagine d'ailleurs jamais qu'en mouvement. Sur cintres, ils sont morts. Lorsque j'étais chez Cardin, le défilé était un vrai spectacle, très théâtral.

Mais c'est au Châtelet, où ma grand-mère m'avait emmené voir Rose de Noël, avec Luis Mariano, que j'ai eu aussi un choc. Le rideau rouge qui s'ouvrait... Mon approche de la mode vient aussi de ce moment-là : au théâtre, les gens sont vraiment là, il y a du vivant, on se montre, on fait, on dit.



Blanche-Neige, d'Angelin Preljocaj. Biennale de la danse, Lyon. Du 25 septembre au 4 octobre. Tél. : 04-72-26-38-01. De 26 € à 35 €.www.biennale-de-lyon.org

Propos recueillis par Rosita Boisseau



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